Le chant arabo-andalou

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Le patrimoine musical arabo-andalou, à l’instar des autres systèmes musicaux de tradition orale, a traversé les siècles grâce à la mémoire collective. Celle-ci a eu, cependant, ses hauts et ses bas, en raison de contingences historiques.
En dépit des altérations mélodiques ou rythmiques qu’il a pu subir, ce patrimoine s’est nourri, aussi paradoxalement que cela puisse paraître, par sa marge : cela réfère aux genres et aux styles rencontrés dans les terres d’accueil, mais aussi aux acteurs sociaux eux-mêmes, plus ou moins marginaux.
Cette dialectique de la norme et de la marge, du « centre » et de la « périphérie », sert ici de schéma explicatif à la fois du changement et du caractère systématique d’un patrimoine qui rappelle à grands traits les gravures rupestres du Tassili: oeuvre millénaire, chaque génération est venue apporter sur la patine rocheuse son témoignage, l’expression de ses angoisses ou de ses rêves, oeuvre collective et évolutive donc, mais aussi oeuvre d’un ordonnancement global qui fait système.
C’est là un des aspects essentiels de la rationalité du patrimoine andalou, dont le répertoire poétique recensé est aujourd’hui en danger de disparition. Ce corpus est connu et chanté à Bagdad, Alep, Damas, Le Caire, Tunis, Constantine, Alger, Tlemcen, Fès, Tétouan, et sans doute dans les villages d’Andalousie où quelques bribes de ce patrimoine subsistent encore (version espagnole) dans les répertoires locaux.